La culture de l’avocatier au Maroc a commencé déjà trois décennies avant la date d’aujourd’hui. Cette culture qui a été jadis à l’ombre, a été considéré comme une spéculation de niche, peu fréquentée par les investisseurs. Les cinq dernières années ont affiché une tendance à la hausse quant à l’engouement des investisseurs envers cette culture. Le secret derrière, réside dans le fait que, les avocats sont devenus un produit star à l’échelle internationale. En fait, ce produit occupe désormais une part de marché supérieur à 2% et connait une croissance qui dépasse les 7%.
Les avocats, une aubaine pour l’agriculture marocaine
La culture de l’avocatier est une aubaine pour l’agriculture et l’agriculteur marocain. C’est une culture qui constitue une forte valeur ajoutée pour l’économie agricole vu le bénéfice qu’elle dégage. Les exportations de cette culture contribuent à équilibrer la balance commerciale agricole, qui est chroniquement déficitaire. D’autant plus, l’activité de production des avocats génère de l’emploi et augmente le revenu des agriculteurs. Une classe moyenne pourra émerger dans les zones rurales grâce à la plantation des avocatiers. Cette culture qualifiée de l’or vert dégage des bénéfices qui intéressent les détenteurs de fonds, c’est la raison pour laquelle les avocatiers ont pu drainer des investissements directs étrangers, ce qui constitue un plus pour l’économie du pays, qui encourage les investissements directs étrangers. Toutefois, beaucoup de détracteurs culpabilisent cette culture étant une spéculation dévoratrice de l’eau, et qui peut causer une pénurie aigue de l’eau pour notre pays.
Une colère injustifiée
On croit que les avocatiers sont une malédiction qui a frappé le pays. Cette croyance a été l’origine d’une mauvaise propagande qui a visé l’avocatier, de telle façon le gouvernement a agi, par la suppression des subventions octroyées après l’installation du système d’irrigation pour la culture de l’avocatier. Une décision politique infondée, qui a suscité plusieurs questionnements chez les spécialistes de l’arboriculture.
Combien consomme réellement l’avocatier ? C’est la question qui devrait être posée avant de déclencher cette guerre atroce contre cette culture. Une étude menée par Steinhardt (1991) a montré que l’avocat a besoin de 630mm afin de réaliser 95% du rendement maximum. Un autre essai, conduit au Maroc par la société MCARE, a révélé que, en comptabilisant les besoins de lessivage de l’avocatier, cet arbre consomme 651mm par an. D’autre part, comment fait-il que l’avocatier pompe de l’eau des nappes phréatiques sachant que le système racinaire de cet arbre n’excède pas 30cm de profondeur. Aussi, on se demande sérieusement où sont les 1200mm/ha/an annoncés dans les médias et qui a causé une colère au sein de la société.
Le débat déclenché sur les avocatiers est déplacé !
Cette vague retentissante sur les réseaux sociaux culpabilisant les avocatiers n’est pas fondée. L’opinion publique s’est tournée contre cette culture dans l’hypothèse qu’elle consomme beaucoup d’eau, et que, la conjoncture du Maroc, caractérisée par un déficit pluviométrique chronique, ne permet pas l’adoption d’une telle spéculation.
La culture de l’avocatier, à l’égard de plusieurs arbres fruitiers, a une consommation moyenne de 600mm/ha/an. En effet, le vrai débat devrait être viré sur les méthodes à adopter pour piloter efficacement l’irrigation goutte à goutte, et non pas condamner ou questionner l’existence d’une culture. L’avocatier est innocente de ces accusations fortuites tout en sachant que cette culture a besoin de l’eau avec des quantités modérées.
On est persuadé de l’importance de cette culture dans le tissu agricole vu sa valeur ajoutée et le bénéfice qu’elle permet de dégager au profit des agriculteurs. On doit penser autrement, comment assurer les ressources hydriques pour pérenniser ce genre de spéculation de forte valeur ajoutée ? Aujourd’hui, on condamne les avocatiers, et demain, on attaquerait la tomate et les agrumes, et puis un jour on risque de détruire un savoir-faire séculaire en agriculture moderne bâti depuis l’indépendance. Je dis aujourd’hui, arrêtons de condamner l’avocatier, et poussons le débat vers le pilotage efficient de l’irrigation et le dessalement des eaux de mer, car, le vrai débat est le suivant : Comment assurer des quantités d’eau suffisantes pour pérenniser notre système agricole au Maroc ?